L’IA fait débat, notamment en matière de ressources humaines. Elle est souvent accusée de supprimer des emplois, de biaiser les recrutements… mais également de faire émerger de nouveaux emplois plus qualifiés, de décharger les salariés de tâches répétitives…
Qu’en est-il réellement ? S’il est difficile de répondre à cette question, nous pouvons avoir quelques pistes de réflexion avec cette enquête menée par Axys Consultants. Réalisée en octobre 2019 et renouvelée en septembre 2021, elle fait apparaître les évolutions après 2 années marquées par une pandémie qui a bouleversée les rapports humains.
En 2 ans, les DRH ont eu le temps de se familiariser un peu avec l’IA, mais cette technologie est encore récente et la pandémie et ses confinements semblent avoir freiné le développement et la parfaite assimilation de cette technologie. L’IA est en légère progression dans les services RH par rapport à octobre 2019, mais on constate que, si les attentes des DRH sont toujours fortes vis-à vis d’elle, elles sont globalement moins accentuées. De la même façon, les freins au déploiement de l’IA sont en nette diminution, l’obstacle de la culture d’entreprise chutant à 23 % (vs 65 % en 2019).
L’automatisation plébiscitée par les DRH
Une tendance s’est confirmée depuis la première enquête en octobre 2019 : l’automatisation qui reste plébiscitée par les DRH.
Les tâches administratives constituent toujours le premier poste pour lequel l’IA est jugée très utile/indispensable même si le pourcentage est moins élevé (66 % vs 86 % en 2019). Les outils d’automatisation des tâches administratives (SIRH) sont aussi les premiers en termes de prévisions de déploiement à 18 mois (37 %). Quant à ceux permettant d’analyser et de générer des documents (réponses mail, CR d’entretiens…) ils ont connu la plus forte progression par rapport à 2019 (+ 43 %). Ils équipent dorénavant plus d’un tiers des services RH. Ils arrivent juste derrière les chatbots/assistants conversationnels pour gérer les candidatures (44 % des solutions déjà déployées).
Une priorité : attirer et fidéliser les talents
L’automatisation est un véritable atout au quotidien, elle permet aux DRH de gagner du temps en les libérant des tâches administratives. Temps précieux qu’ils peuvent consacrer à leur cœur de métier : la gestion du capital humain qui devient de plus en plus complexe. Un sondage réalisé par Axys Consultants en juin 2021 auprès des DRH – au moment de la reprise du présentiel – dressait un rapide état des lieux de leurs préoccupations. Les acteurs des RH ont eu à gérer de nombreux mouvements du personnel : démissions (47 %), reconversions (40 %), demandes de mutations (34 %). Attirer et retenir les talents est devenu plus que jamais primordial.
Résultat : dans le top 6 des missions pour lesquelles ils déclarent que l’IA est très utile/indispensable, 3 concernent directement la gestion des talents : le développement du marketing RH est désormais en 2ème position derrière l’automatisation (59 %), celui des programmes de fidélisation en 4ème (54 %) et le recrutement des meilleurs profils suit avec 49 %. Ces chiffres font écho à l’enquête de juin 2021 qui révélait que, à cause des différents confinements et de la diminution du présentiel, 78 % des DRH estimaient qu’il était nécessaire de recréer une dynamique de travail, ex-aequo avec le besoin de remotiver les salariés, de recréer de la cohésion dans les équipes (73 %) et de recruter (28 %).
Des DRH favorables à l’IA mais attentifs à ses conséquences sur les salariés
Si la pandémie a eu pour conséquence de rendre plus complexe la gestion des talents, les DRH ont bien conscience d’un changement profond des mentalités. Une étude Monster révèle qu’en matière d’emploi, les jeunes sont en recherche de sens avant tout et 78 % d’entre eux refuseraient un emploi qui en est dénué. Par ailleurs, les Français ont goûté au télétravail et 86 % déclarent vouloir le poursuivre, dont près de la moitié, un à plusieurs jours par semaine, selon une étude d’OpinionWay.
Si la mise en œuvre de mesures et de valeurs propres à recruter et conserver des talents ne dépend pas uniquement des DRH, ils ont un rôle déterminant à jouer dans leur valorisation, expliquant leurs attentes et implication dans le marketing RH.
Le coeur de métier des DRH reste bien l’humain et pour les aider dans leurs challenges quotidiens ils accueillent favorablement l’IA. Ils sont même plus nombreux qu’en octobre 2019 à estimer que l’IA va impacter positivement l’organisation du travail (71 % vs 68 %) et qu’elle va lui redonner du sens en supprimant les tâches répétitives grâce à l’automatisation (78 % vs 77 %). Même s’ils restent très vigilants, leurs inquiétudes vis-à-vis de l’IA sont moins marquées. On constate une baisse des pourcentages des DRH déclarant que le développement de l’IA devra les conduire à veiller aux conditions de travail et bien-être des salariés (76% vs 81 %) ainsi qu’à l’éthique (70 % vs 83 %).
L’IA est une alliée précieuse mais elle reste un outil que le DRH tient à contrôler.
Catherine Cervoni, Conseil en stratégie de communication médias et d’influence
A propos de l’auteur
Après de nombreuses années chez l’annonceur en tant que responsable marketing, communication et relation presse, Catherine Cervoni crée sa propre structure en 2010.
Elle enrichit son expérience avec la dimension « digitale » RP 2.0, en ajoutant aux RP traditionnelles les relations avec les blogueurs et influenceurs, le social media et la base de toute communication : la stratégie de contenus.
Des savoir-faire complémentaires qui sont l’assurance de proposer aux entreprise la meilleure stratégie à 360° en actionnant et en couplant les bons leviers.
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