IA et achats : états des lieux, prévisions du déploiement et impacts sur les Directions Achats.
Intelligence artificielle, RPA, chatbots, … Les technologies se développent et offrent de nouvelles possibilités de traitement, d’échanges et d’automatisation qui n’échappent pas aux Directeurs achats.
Mais comment appréhendent-ils ces nouvelles technologies et notamment l’IA pour leur fonction ?
Où en sont-ils de son déploiement et quelles sont leurs prévisions ? Quelles sont leurs attentes et leurs craintes face à l’IA ? La crise engendrée par le coronavirus a-t-elle eu un impact sur leurs projets ?
C’est ce qu’Axys Consultants et Ivalua ont voulu savoir en menant l’enquête au dernier trimestre 2020 et 1er trimestre 2021 auprès de 103 Directeurs achats.
L’IA dans les achats : une percée timide qui suscite l’intérêt
L’IA n’est pas encore un sujet phare en entreprise : 67 % des directeurs achats déclarent manquer d’information à son sujet.
Ils sont seulement 15 % à avoir déjà mis en place des applications d’IA et 43 % commencent à travailler sur le sujet. 8 % estiment qu’ils sont en avance sur leurs concurrents.
Objectifs de l’IA : piloter les activités, optimiser la data et les processus achats
L’IA doit répondre à des objectifs très concrets de pilotage de l’activité : améliorer la qualité de la data et optimiser les processus achats sont à égalité, à 84 %, les premiers objectifs assignés à l’IA. Les Directeurs achats citent ensuite à 82 % le gain de temps sur les activités opérationnelles et à 77 % la prévention des risques et l’amélioration de la connaissance fournisseurs.
En dernier, on retrouve l’amélioration de la satisfaction des clients internes (70%) et les économies financières citées par seulement la moitié des répondants.
L’IA reconnue comme un véritable atout par les Directeurs achats
L’IA s’avère être un véritable atout pour les Directeurs achats pour les aider au quotidien. 52 % des Directions l’estiment très utile pour consolider et catégoriser les dépenses et 43 % pour optimiser et automatiser les actions achats (ex : cahiers des charges, consultations/AO, analyse des offres et négociations).
L’IA est ensuite jugée très utile pour 39% d’entre eux pour améliorer les processus d’approvisionnement et de facturation (ex : génération et recherche de bons de commande et de facture, détection des doublons, fraudes et erreurs, amélioration des délais de paiement) et à 30% pour améliorer la gestion des contrats.
Un taux de déploiement de l’IA encore faible
Le déploiement des solutions intégrant l’IA pour les achats est encore faible, mais elles donnent majoritairement satisfaction, dont voici les trois plus répondues :
- 16,3 % : moteur de catégorisation des dépenses : 37,5 % de satisfaits et 25 % d’insatisfaits (37,5 % : trop récent pour avoir une opinion)
- 14,6 % : analyse prédictive pour gérer les approvisionnements : 33,3 % de satisfaits, 16,7 % d’insatisfaits (50 % : trop récent pour avoir une opinion)
- 14 % : moteur de recherche Fournisseurs/Articles : le plus fort taux de satisfaction : 83,3 % de satisfaits, aucun insatisfait (16,7 % : trop récent pour avoir une opinion)
On retrouve ensuite avec des taux de déploiement supérieurs ou égaux à 10 % :
- 12 % : assistant conversationnel-chatbot/voicebot : 33,3 % de satisfaits et 16,7 % d’insatisfaits (50 % : trop récent pour avoir une opinion)
- 10,4 % : outil d’analyse de détection des fraudes : 33,3 % de satisfaits et 33,3 % d’insatisfaits (33,3 % : trop récent pour avoir une opinion)
- 10 % : analyse et génération automatisée de documents : (50 % de satisfaits et 25 % d’insatisfaits (25 % : trop récent pour avoir une opinion)
- 10 % : automatisation des approvisionnements : (50 % de satisfaits et 25 % d’insatisfaits (25 % : trop récent pour avoir une opinion)
Top 3 des solutions IA donnant satisfaction : 1 – 83,3 % : moteur de recherche Fournisseurs/Articles 2 – 50 % : analyse et génération automatisée de documents 3 – 50 % : automatisation des approvisionnements |
Les solutions d’IA qui seront déployées d’ici à 18 mois
Si le taux de déploiement de l’IA est encore minime, les prévisions d’implantation sont assez élevées.
Dans 18 mois, les 3 premières solutions d’IA déployées seront :
- 40 % : moteur de recherche Fournisseurs/Articles (+ 26 %)
- 36 % : analyse et génération automatisée de documents (+ 26 %)
- 32 % : assistant conversationnel – chatbot/voicebot (+ 20 %)
Suivies à :
- 29,3 % : analyse prédictive pour gérer les approvisionnements (+ 14,6 %)
- 28,6 % : analyse prédictive de la gestion des risques (+ 20,4 %)
- 28,5 % : moteur de catégorisation des dépenses (+ 12,2 %)
- 28 % : automatisation des approvisionnements (+ 18 %)
Sur les dernières marches du podium on retrouvera les outils d’analyse de détection des fraudes (20,8 %), l’automatisation de la sélection des fournisseurs (20 %) et les robots automates pour les achats de classe C (16,7 %).
Concernant les prévisions d’implémentation de l’IA, les trois priorités par ordre décroissant des Directeurs achats sont :
- Outils d’analyse de détection des fraudes
- Assistant conversationnel – chatbot/voicebot
- Robot automate pour les achats de classe C
IA : des impacts très positifs selon les Directeurs achats
Les impacts de l’IA sont jugés très positifs par les Directeurs Achats. Il leur a été demandé de classer par ordre décroissant les sujets sur lesquels l’IA aura le plus d’impact. Ils estiment que sa première conséquence est de leur permettre de se concentrer sur les tâches à plus forte valeur ajoutée, puis d’améliorer leurs performances opérationnelles et fiabiliser la prise de décision. Ils positionnent sur les dernières marches du podium le fait qu’elle déshumanise les rapports avec leur environnement et conduira à supprimer des emplois.
Les freins au développement de l’IA : manque de compétence et de retours d’expérience
Le premier frein au développement de l’IA est le manque de compétences dans cette discipline au sein de l’entreprise (62 %), puis le manque de retours d’expériences probants (56 %) et la résistance au changement des salariés (51 %). On retrouve ensuite une offre jugée balbutiante sur le marché (39 %), la crainte de ne pouvoir interpréter les résultats (31 %). L’absence de soutien de la DG n’est jugée comme une entrave que pour 28 % des Directions achats.
Des directeurs achats technophiles
Les Directeurs achats sont convaincus des atouts de la technologie pour leur métier. Ils placent même le traitement du Big Data comme très utile à 94 % devant l’IA à 92,4 %. Viennent ensuite le RPA (89,7 %), la blockchain (58,8 %) et en dernier le chatbot/voice bot (53,9 %).
La pandémie : des conséquences importantes sur la fonction achat
La crise engendrée par le coronavirus n’épargne pas les Directeurs achats qui sont 50 % à déclarer qu’elle aura d’importantes répercussions sur leur fonction. Elles seront d’abord financières avec :
- 53 % qui indiquent que certains investissements dans des outils/solutions vont être repoussés
- 50 % qui vont devoir renégocier les contrats avec les fournisseurs pour tenir compte des réductions budgétaires
- 40 % qui vont geler ou décaler les prévisions d’embauches.
Seulement 29 % déclarent qu’ils privilégieront plus les fournisseurs locaux pour assurer leur indépendance d’approvisionnement et 24 % les fournisseurs qui ont une production « responsable ».